Quelques « 8 mars » dans l’histoire des femmes en Chine

Si la journée internationale des femmes (JIF) a connu un certain regain de popularité militante en Occident, dans les pays «socialistes » ou anciennement socialistes où elle était massivement célébrée depuis des décennies, elle tend à se « trivialiser » sérieusement. Ainsi en Chine, plusieurs articles déplorent que cette journée soit devenue, ces dernières années, un alibi pour de nombreuses initiatives plus ou moins douteuses, voire sexistes. 2018 ne semble pas avoir fait exception pour ce qui est de l’opportunisme consumériste, le quotidien en Anglais du Parti Communiste Global Times se contentant, quant à lui, de célébrer l’apport du travail des femmes au PIB chinois ainsi qu’une nouvelle génération d’entrepreneur(e)s. Les censeurs n’ont, par contre, pas manqué d’à-propos, puisque c’est le jour qu’ils ont choisi pour suspendre les compte Weibo des féministes (@feministvoices) qui était suivi par plus de 180 000 internautes (voir le communiqué sur leur page Facebook).

Au-delà de ces récentes péripéties, le 8 mars constitue un jalon utile pour retracer l’histoire de quelques évolutions majeures du rapport entre le parti puis le pouvoir « communiste » et les luttes des femmes…

Le 8 mars 1924

Louise Edwards dans son article « International Women’s Day in China: Feminism Meets Militarised Nationalism and Competing Political Party Programs. » rappelle que la première célébration de la JIF a eu lieue à Canton en 1924, où elle était organisée de façon concertée par le Kuomintang et le Parti Communiste, à l’instigation de la chef du département des femmes du parti nationaliste He Xiangning, à qui l’idée aurait été suggérée par Tanya Borodin la femme du représentant du Komintern en Chine qui chaperonnait les deux partis. Si le slogan officiel de la réunion faisait la synthèse ( « Libérons la Chine du semi-colonialisme, à bas les impérialistes étrangers ! Libérons les femmes de l’oppression capitaliste! »), selon Edwards de nombreux sujets, i-compris ceux chers aux non -socialistes, furent abordés tels que l’abolition de la prostitution, du concubinage et du mariage des enfants mais aussi l’égalité des salaires et dans l’accès à l’éducation. Ces débuts de la JIF signalent l’importance des revendications féministes dans le programme et l’activité du jeune parti communiste mais aussi du parti nationaliste Kuomintang. Christina Kelly Gilmartin dans son livre Engedering the Chinese Revolution décrit cette période comme « l’age d’or » de l’influence des thèmes et thèses féministes chez les révolutionnaires chinois : « La révolution chinoise de la moitié des années 20, a, de toutes les révolutions chinoises du XXème siècle, représenté l’effort le plus important de changement des rapports de genre et pour en finir avec la subordination des femmes (…) Les objectifs féministes ont pris une importance inhabituelle dans la propagande de masse et le programme de mobilisation sociale du parti communiste naissant car sa fondation coïncidait avec une période de fermentation politique et sociale extraordinaire en Chine, symbolisée notamment par le développement du mouvement féministe. » Les événements organisés les 8 mars 1925 et 1926 virent apparaître des slogans et revendications plus radicaux encore, demandant la fin du système de mariages arrangés et l’autorisation du divorce. Si les premières festivités avaient réunis plus de trois mille personnes, on compta plus de dix mille participants en 1926 et vingt cinq mille en 1927. De plus , la presse militante des deux partis couvrait très largement l’événement, inaugurant une « tradition » de foisonnement de publications sur la situation des femmes à cette période de l’année en Chine.

Christina K. Gilmartin dans son article Gender, Political Culture and Women’s mobilization in The Chinese nationalist Revolution1 remarque également, qu’à l’époque, la figure de Rosa Luxembourg est omniprésente tant dans la presse que dans les commémorations du 8 mars, ce qui témoigne d’un internationalisme vibrant (Luxembourg devint même à l’époque un symbole de la lutte violente, invoquée quand les conflits sociaux se durcissaient), mais aussi de l’occultation du rôle d’une figure révolutionnaire chinoise, tout aussi héroïque et tragique, Qiu Jin, qui tombait dans un oubli relatif du fait de vieilles rancunes partidaires au sein du camp nationaliste.

Les deux 8 mars des années 1930

La rupture du front uni Kuomintang /Parti communiste en 1927 va marquer bien évidemment un tournant majeur et notamment pour la place que prendront désormais les luttes pour les droits des femmes, comme le note Gilmartin : « Après 1927, le soutien aux revendications féministes s’estompa car aucun parti ne voulait ré-éditer l’assaut lancé contre le contrôle patriarcal des femmes lancé dans les années 20. » ( Engedering the Chinese Revolution) Ce reflux se refléta dans des célébrations du 8 mars désormais distinctes mais témoignant chacune d’une plus grande cooptation politique et nationaliste de la cause féministe.

Du côté du Kuomintang, devenu parti-État après une répression sanglante durant laquelle des atrocités spécifiques visèrent les femmes soupçonnées d’être membres du PCC, la JIF continua d’être célébrée mais de plus en plus selon des mots d’ordre (« Défendons la race chinoise ») et un décorum fascisant. Cette journée internationale servant désormais à promouvoir la mystique féminine du « nouveau mouvement pour la vie » initié par Tchang Kaï-chek, que plusieurs auteurs ont rapproché, et spécifiquement pour ce qui rapporte aux femmes, de la propagande nazie en Allemagne1. Ce tournant réactionnaire et néo-confucianiste, qu’accompagnent pourtant plusieurs réformes législatives étonnement progressistes sur le droit à l’héritage ou au divorce, se reflètera d’ailleurs ensuite longtemps dans la politique et la vie sociale taïwanaise.

Du côté du Parti Communiste, la JIF devint un moyen de reconstituer le parti en remobilisant les femmes, cette fois-ci sous l’égide du modèle de la travailleuse soviétique. Suite à la condamnation, lors du congrès du PCC tenu à Moscou en juin 1928, du « féminisme bourgeois » et des associations de femmes indépendantes et du fait aussi du repli dans les campagnes, la propagande tendait en effet à mettre beaucoup plus l’accent sur l’implication des femmes dans la production et donc leur émancipation par le travail que sur d’autres revendications remettant en cause la famille et l’ordre social traditionnels. Ainsi la JIF dans le soviet du Jianxi des années 30 venait pour ainsi dire « couronner » et célébrer tout un travail d’encadrement d’une femme nouvelle incarnant l’État en gestation dans tous les aspects de sa vie2. Louise Edwards souligne néanmoins que « si la JIF était cooptée par le parti pour faciliter sa reconstruction, les cadres féminins du parti surent s’en servir pour maintenir vivantes les revendications des femmes. » Avec l’invasion japonaise et le second front uni entre le Kuomintang et le PCC, les célébrations du 8 mars continueront selon ces modalités différentes dans les deux camps, le Kuomintang mettant l’accent sur la nécessité suprême de sauver « la race-nation », les cérémonies étant présidées par la première dame, Soong May-ling, présentée comme la mère de la nation, le PCC insistant quant à lui sur la nécessité pour les femmes de participer à l’effort productif afin de soulager les troupes.

Le 8 mars 1942

C’est dans cette période de mobilisation générale et de ferveur nationaliste pourtant peu propice à l’expression de revendications féministes, que la communiste Ting Ling choisit, à l’occasion du 8 mars 1942, de prendre la plume pour critiquer le comportement vis à vis des femmes au sein du PCC. Ecrites dans un style très éloigné de la vulgate marxiste-léniniste classique, ces Réflexions sur le 8 Mars, pointent tout d’abord le caractère stéréotypée de la manifestation et des discours qui y sont tenus, surtout si ils sont mis en rapport avec les contradictions insolubles auxquelles sont confrontées les femmes dans un parti communiste qui veut à la fois qu’elles s’engagent et qu’elles perpétuent la famille traditionnelle. Ainsi, si les femmes non mariés sont moquées et soupçonnées de mœurs légères, on reproche souvent à celles qui sont mariées de délaisser le foyer pour s’occuper de politique alors même que l’« arriération politique » est devenu l’argument commode de beaucoup de cadres pour divorcer d’avec leurs femmes devenues âgées. Ting Ling en appelle donc à « ne pas séparer théorie et pratique » et à une plus grande solidarité féminine mais elle conclut de façon prémonitoire dans un postscriptum : « Je sens que certaines choses que j’ai dite, si elles l’avaient été par un leader devant un large public, auraient été approuvées. Mais quand elles sont écrites par une femme, elles ont plus de chances d’être démolies. »

Et effectivement, la réponse ne se fit pas attendre comme le retrace Kay Ann Johnson dans Women, the Family and Peasant Revolution in China : « Après la publication de l’article des hauts membres du parti, notamment Ts’ai Ch’ang la seule femme membre du comité central et la directrice du département des femmes depuis 1938, critiquèrent sévèrement Ting Ling pour avoir adopté une perspective féministe. Pour eux, Ting Ling et ceux qui étaient d’accord avec elle, avaient forgés leurs convictions dans la société centrée autour de l’homme de la Chine ancienne. Ces convictions étaient désormais « dépassées », « nuisibles à l’unité » et inutiles dans le Yenan contrôlé par les communistes puisque « la plus complète égalité entre les sexes y avait été établie. » Ting Ling fut suspendue de ses responsabilités politiques pour deux ans. Comme les leaders du parti avaient décidé de mettre de côté les questions de réforme de la famille et de l’inégalité politique et sociale entre hommes et femmes, la dissidence d’autres défenseurs des droits des femmes fut considérée comme suffisamment menaçante pour que le Parti décide d’une réponse ferme. Un an plus tard une directive du comité central sur le travail auprès des femmes refléta cette nouvelle politique. Dans un discours le 8 mars 1943, accueillant avec enthousiasme cette nouvelle directive, Ts’ai Ch’ang continua l’attaque contre les cadres féminins d’accords avec Ting Ling. Elle les qualifia d’intellectuels coupés des masses, qui exprimaient un « féminisme unilatéral » et « poursuivent un travail auprès des femmes tendant à s’autonomiser par rapport au parti. » 

Christina Kelley Gilmartin note a ce sujet : « Cette réponse révélait de façon pénétrante non seulement le fossé qui s’était ouvert entre la pratique et la rhétorique communiste sur les questions concernant les femmes mais encore l’aliénation croissante entre les communistes et le mouvement féministe indépendant. De fait, à partir des années 20, les communistes en étaient venus de plus en plus à considérer le féminisme et celles qui le défendaient comme des fourriers de l’hégémonie occidentale. » ( Engedering The Chinese Revolution p216). Méfiance qui s’épanouira après la victoire de 1949, malgré un court interlude conquérant.

Le 8 mars 1951

A partir de la prise de pouvoir et jusqu’à aujourd’hui, l’organisation de la JIF fut entièrement confiée à la Fédération Nationale des Femmes de Chine (FNFC) qui venait d’être crée. Celle-ci connut une sorte d’age d’or dans les débuts du régime, où elle put mener de nombreuses campagnes de sensibilisation et accompagner la mise en place de la loi sur le mariage de 1950. Le défilé organisé par la section de Shanghai de la fédération, le 8 mars 1851, racontée par Whang Zheng dans son livre Finding Women in the State. A Socialist Feminist Revolution in the People’s Republic of China, 1949–1964 illustre l’enthousiasme de l’époque : « En 1951, le comité municipal de Shanghai demanda à la fédération locale des femmes de mobiliser ces dernières sur les divers causes du moment : la campagne patriotique contre l’intervention impérialiste américaine en Corée, l’élimination des contre-révolutionnaires, la hausse de la production et l’amélioration des finances publiques. Une directive municipale appela à un rassemblement de masse le 8 mars contre le ré-armement du Japon par les USA, rassemblement auquel la fédération des femmes parvint à faire venir plus de 300 000 femmes dont 250 000 « femmes au foyer ». Les rapports internes révèlent que beaucoup de femmes se joignirent spontanément au défilé. (…) Les autorités pensaient que 5000 femmes se présenteraient et non des dizaines de millier. Parmi celles-ci, il y avait des éléments aux parcours compliqués comme des prostitués ou des serveuses, qui créèrent la sensation parmi les spectateurs. Quoiqu’il ait été décidé de ne pas demander aux femmes âgés de participer, il y avait de nombreuses sexagénaires, septuagénaires et octogénaires dans le défilé. Certaines femmes défilèrent avec leurs enfants. (…) Quoique le thème du défilé ait été le patriotisme et l’anti-impérialisme, les rapports soulignent de façon significative son effet sur le sentiment de force des femmes. « Les participantes au défilé ont toutes ressenties que les femmes ont désormais du pouvoir et un statut. Mêmes les hommes disent que les femmes sont devenues puissantes. »(…) Il est clair que le défilé avait une connotation de genre que tout autant les hommes que les femmes percevaient. Si le PCC comptait utiliser les femmes pour démontrer le soutien populaire à sa politique, les femmes saisirent aussi rapidement l’occasion donnée par le nouveau pouvoir pour franchir les barrières de genre et de classe. Défilant dans l’espace public, les femmes au foyer et les femmes des divers groupes subalternes exprimaient symboliquement leur position légitime dans le nouvel ordre politique. Un défilé patriotique soigneusement préparé par le PCC fut donc ré-approprié par les femmes de divers backgrounds sociaux pour produire un sens politique important pour elles. »

Cette embellie ne dura toutefois pas, les déboires qui accompagnèrent l’application de la loi sur le mariage et le repli prudent sur ces thèmes opérés par le parti après 1953, firent que le vent tourna rapidement pour la FNFC. Craignant d’être catalogués comme « droitiers » ses dirigeants abandonnent leurs précédentes velléités en 19573 et dès lors, il ne fut plus question que de vanter la mise au travail des ouvrières et paysannes chinoises au service de l’accumulation socialiste. Ainsi lors du « Grand Bond en Avant », la presse des organisations féminines célébrait sans relâche les exploits productifs de diverses « brigades du 8 mars » composées uniquement de femmes.

Le féminisme « traditionnel » ne faisait bien sûr pas bon ménage avec le productivisme et l’autarcie, comme le résume Louise Edwards dans son article « Chinese feminism in a transnational frame. Between internationalism and xenophobia »4 : « Dans ce processus, le féminisme fut caractérisé comme un concept étranger, coupé de la réalité chinoise. On nia la longue histoire des rapports des femmes chinoises avec le mouvement féministe global, ses théories, pratiques et institutions, qui furent occultées et oubliées. La République populaire avança une nouvelle conception des femmes comme actrices politiques dans laquelle après avoir été les victimes passives de l’oppression féodale avant 1949, elles devenaient les bénéficiaires reconnaissantes des politiques éclairées du PCC après la libération (…) Le récit donné par le PCC présente les femmes chinoises comme différentes des autres femmes de par le monde- niant de fait le principe de la communauté d’intérêts défendu par les mouvements féministes transnationaux. Pour les femmes dans la république populaire le féminisme était inapproprié car étranger et inutile car l’égalité avec les hommes avait été instaurée. » Le roll-back s’aggravera avec la révolution culturelle, puisque la fédération nationale des femmes de Chine disparaîtra corps et bien jusqu’aux années 70.

Le 8 mars : « funü’s dead end ?

Au début du récit évoquant sa jeunesse « Call me « Qingnian » but not « funü ». A maoist Youth in retrospect »5 la chercheuse et féministe Whang Zheng se souvient que quelques jours avant le 8 mars 1978, ses camarades de dortoir et elle avaient reçus des tickets pour une séance de cinéma organisée pour l’occasion. «  Tenant le ticket dans sa main, Qiao, la plus jeune d’entre nous protesta «  Yuck ! Voilà maintenant qu’ils nous comptent comme femmes (funü) ? C’est affreux ! » Sa vive réaction nous amusa. Mais nous étions toutes d’accords sur le fait que nous n’aimions pas être catégorisées comme femmes. Pour nous, le terme contemporain pour femme, funü, évoquait l’image d’une femme mariée entourée de plats et poêles à frire, cousant, tricotant et se promenant dans le voisinage pour cancaner. Son monde était rempli de choses tellement triviales et son esprit était nécessairement étroit et arriéré. Nous n’étions certainement pas des femmes. Nous étions des jeunes ( qingnian) ou si vous préférez des jeunes femmes. » Il semblerait que le problème n’ait pas tellement changé puisqu’un article récent sur le déclin des commémorations du 8 mars en Chine, l’attribue notamment à sa dénomination, funüjie, que les jeunes associent toujours à la femme d’âge mûr mariée.

Ce terme funü semble avoir une signification plus profonde quant à l’histoire du rapport entre le PCC et les femmes, que Tani E. Barlow a étudié dans plusieurs textes6 Selon elle, funü peut s’interpréter comme signifiant « le sujet femme dans le discours maoïste ». Cette notion connut un « revival » concomitant à celui de la fédération des femmes à l’orée des réformes : « À la fin des années 70 et au début des années 80, le Parti Communiste Chinois a cherché à restaurer sa structure de contrôle antérieure à la révolution culturelle. Institutionnellement, cela signifiait revitaliser des organisations de masse telle que Fulian, la fédération des femmes. Les autorités assignèrent à celle-ci la mission de « protéger résolument les intérêts des masses qu’elle représente » tout en réduisant tacitement son champ d’action à ce que le comité central comprenait comme constituant « la femme ». Le travail de Fulian en d’autres termes, était de représenter funü.(…) Comme émanation du gouvernement, Fulian suivait l’appel du comité central à rétablir funü, un vieux sujet idéologique, comme l’agent de la modernisation post-maoiste. » (Politics and protocols) Toutefois les nouvelles conditions créées par la libéralisation ne facilitait pas la mise en œuvre des vieilles recettes  : « La privatisation des relations domestiques, la renonciation à la justice sociale, l’approbation tacite des croyances rétrogrades sur l’infériorité intellectuelle des femmes et la collusion avec ceux qui voulaient tenir les femmes à l’écart de la politique ( une tentative crument masculiniste de forcer les femmes à retourner la servitude domestique non payée, ce qu’on appelé « le retour à la cuisine »), tout cela constituait des effets de la réforme qui pouvaient potentiellement démoraliser les femmes puisque cela verrouillait l’accès à l’État même pour la réparation des torts les plus simples. » (ibid)

Des campagnes contre les excès de la politique de l’enfant unique et pour la défense des droits des femmes et des enfants furent toutefois menées et plus généralement une attention nouvelle fut portée par le pouvoir et les médias à des problèmes liés aux réformes et affectant plus spécifiquement les femmes, qu’il s’agisse du divorce ( en hausse avec la nouvelle mobilité entre ville et campagne) des conditions de travail (le fin du « bol de fer » signifiait aussi la fin de l’égalité salariale homme-femme qui était appliquée dans les grands groupes d’État) ou des violences sexistes. La fédération parvint à parachever son rétablissement lorsqu’elle obtint que le secrétaire général du comité central du PCC, Jiang Zemin lut publiquement le 8 mars 1990, un discours rédigé par des cadres de la FNFC intitulé « Le parti et la société toute entière doivent établir la théorie marxiste des femmes »7. Cette « théorie marxiste des femmes » défendant bien évidemment la rôle dirigeant du PCC et de la FNFC semble surtout avoir servie à cette dernière à s’imposer comme interlocutrice incontournable et seule représentante des femmes dans l’appareil d’État. Au vu de son site, elle ne semble d’ailleurs plus n’être désormais qu’une chambre d’écho de la propagande du Parti communiste, organisant un gala tous les 8 mars.

Ce monopole n’a pourtant cessé d’être battu en brèche, tout d’abord par des chercheuses qui dès les années 80 ont déconstruit le dispositif idéologique funü, puis par diverses associations féministes autonomes ( voir le très bon résumé critique donné par Whang Zheng dans son article « Le militantisme féministe dans la Chine contemporaine », paru dans Travail, genre et sociétés en 2010) et enfin dernièrement par une nouvelle génération d’activistes qui, en essayant de se ré-approprier le 8 mars, se sont attirées les foudres de l’État.

1Publié dans le recueil Engedering China. Women, Culture and the State

1 Voir Norma Diamond Women under Kuomintang Rule. Variations on the Feminine Mystique. p13 et suivantes

2 Voir l’article de Tani Barlow Theorising Women (…) dans le recueil Body, Subject and Power and China p270 et 283

3Voir à ce sujet Wang Zheng Dilemnas of Inside Agitators : Chinese State Feminists in 1957

4Paru dans le recueil Women’s Movements in Asia. Feminism and transnational activism

5 Publié dans le recueil Some of Us . Chinese women growing Up in the Mao era

6Nous nous appuyons ici sur deux de ses articles Politics and Protocols of Funü :(Un)making the National Woman paru dans le recueil Engendering China et Theorizing Woman : Funü, Guojia, Jiaiting paru dans le recueil Body, subject and Power in China

7Sur ce sujet voir l’article de Wang Zheng « Maoism, Feminism and the UN Conference on Women »

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