Quand dans cette pandémie globale, c’est un nouveau régime de prolifération des frontières qui se déploie, la multiplication du travail qui accompagnait la prolifération précédente est bien évidemment chamboulée. Et en première ligne de cette reconfiguration, dans l’urgence des mesures de confinement mais aussi dans le temps long de la pandémie, on trouve les travailleurs migrants (internes et internationaux) au Nord comme au Sud ainsi que, dans une bien moindre mesure – mais non négligeable pour un pays comme l’Italie – les travailleurs au noir. Nous proposons ici quelques éléments de de mise en perspective de cette situation du travail migrant dans le cours de la pandémie, et du « déconfinement », pour contribuer à cerner quelles nouvelles lignes de démarcation et de confrontation sont en train de se dessiner. Pour commencer nous évoquons la situation indienne.
L’annonce abrupte de la mise en confinement du sous-continent, selon ce qui commence à ressembler à une « stratégie du choc » déjà expérimentée avec la démonétisation surprise de 2016 ( Pour Arundathi Roy dans son texte « The Pandemic is a portal » paru dans le Financial Times le 4 avril « ces méthodes donnent l’impression que le premier ministre indien considère les citoyens comme des forces hostiles qu’il faut prendre par surprise, en embuscade et à qui on ne peut pas faire confiance ») a provoqué un déplacement massif de population, considéré par certains comme le plus important connu par le pays depuis la partition de 1947 avec le Pakistan. Au fil des comptes-rendus dans la presse indienne et internationale, on a vu la variété des secteurs dans lesquels ces travailleurs migrants obligés de quitter les villes étaient employés, qu’il s’agisse des entreprises automobiles de la zone économique spéciale de Gurgaon, du nettoyage des immeubles de bureaux de Delhi ou de conducteurs de rickshaw. Continuer la lecture de « Une autre « première ligne », celle des travailleurs migrants (I) : l’Inde ( Work in progress) »