La revue québécoise « Temps Libre » (TL) consacre son numéro deux à la question de l’analyse de classe. Dans ce cadre, elle consacre toute une section à notre livre Le Ménage à trois de la lutte de classe (Éd. L’Asymétrie, 2019). Après quelques brefs compliments, TL s’efforce de montrer que notre théorie de la classe moyenne n’est pas correcte. Voyons ce qu’il en est.
La revue commence (première section) par une vue générale sur « l’actualité de la question des classes sociales ». Les auteurs revendiquent une approche « rigoureuse » de cette question, et s’attachent surtout à définir le prolétariat. On verra que cette définition, certes importante, joue un rôle crucial dans leur approche de la classe moyenne, puisque cette dernière se définit comme ce qui reste après avoir défini les deux autres classes principales de la société, les capitalistes et les prolétaires. Cela nous semble peu rigoureux, d’autant que l’analyse rigoureuse devrait consister à saisir comment « l’activité spécifique de ces groupes, de par la place qu’ils occupent au sein du rapport de production, participe à la reproduction contradictoire de l’ensemble » (p. 11). Dans le cas du mode de production capitaliste (MPC), TL distingue ainsi
« la classe qui produit la plus-value – le prolétariat – celle qui se l’approprie – la classe capitaliste – et celle qui ne constitue pas l’un des deux pôles de la contradiction principale de ce mode de production – la classe moyenne ». (p. 53)
On voit qu’ici la classe moyenne ne manifeste pas d’activité spécifique, mais est définie de façon simplement résiduelle. C’est un manque de rigueur si étonnant que TL tentera plus loin de corriger le tir…
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