« Inachevée, hésitant à franchir son propre Rubicon, le fleuve Shkumbin qui partage l’Albanie en son milieu, après avoir embrasé les villes du Sud, intimidée par les chiens de guerre des services secrets que l’Etat avait mobilisé en toute hâte et lâché dans les rues de Tirana, vidée de son énergie révolutionnaire par les militants du Parti Socialiste 1 agissant au sein des comités de Salut Public, l’insurrection classiste albanaise a dégénéré en luttes claniques et règlements de compte entre bandes armées tout en servant de masse de manœuvre au PS afin de peser dans le repartage des prérogatives étatiques.
La fuite individuelle hors du pays, organisée par les mafias côtières, est redevenue la solution du désespoir après avoir signifié dans les premiers jours du soulèvement un acte de défiance politique et même de désertion, s’agissant des militaires.
Sauvé par l’habileté manœuvrière du PS à la tête du gouvernement de Salut National et par son double jeu qui lui a permis d’endosser la légitimité institutionnelle et celle de la rue, l’Etat capitaliste albanais n’administre pour autant plus grand chose et s’en remet à la protection italienne pour restaurer un ordre unitaire sur le territoire, rétablir son monopole de la violence contre “ le peuple en armes ” et reprendre le contrôle des points stratégiques (aéroport, ports, dépôts alimentaires, axes routiers et frontières). Au plus fort de l’insurrection la désagrégation de l’institution militaire, les désertions massives des conscrits, leur passage aux insurgés, l’assaut des casernes, avaient fait de l’Albanie un “ dépôt d’armes sans gardiens ”. » Lire la suite ici ou sur leur site